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Les Chroniques d'Olivier Nottale

Mégabassines, la guerre de l’eau a commencé

today31/03/2023 1

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    Mégabassines, la guerre de l’eau a commencé Divergence


Sainte-Soline

De nombreux blessés, parmi les manifestants et les gendarmes, dont plusieurs « en urgence absolue » : la mobilisation contre les mégabassines dans les Deux-Sèvres a été marquée par des violences. Mais on assiste bien en France à l’émergence d’un mouvement social pour l’eau.

L’eau devient à travers le monde un enjeu de taille, l’or blanc du 21e siècle.

Merci à Jade Lindgaard journaliste publié entre autres par Médiapart.

Scènes de guerre dans les champs, des pluies de grenades de désencerclement, des rideaux de gaz lacrymogène, des motocyclistes en quad faisant usage de LBD, selon des témoignages et des vidéos sur les réseaux sociaux : samedi 25 mars, la mobilisation contre le chantier à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) de plusieurs mégabassines, ces retenues d’eau destinées à l’irrigation agricole, a été marquée par de violents affrontements entre manifestant·es et forces de l’ordre.

En début de soirée, les organisateurs évoquaient « pas moins de 200 » manifestants blessés, dont dix hospitalisés et un dans le coma. Sur son site, le collectif Les Soulèvements de la Terre décrit « plusieurs blessures type brûlure et plaie, une quarantaine de blessé·es graves, plusieurs traumas faciaux, une personne dont le pronostic vital est engagé et deux personnes dont le pronostic fonctionnel est engagé ». « Le gouvernement ne connaît que l’outrance et la répression brutale », dénonce le collectif.

Dans un point presse à 17 heures, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait, lui, dressé un bilan, « peut-être pas définitif » de vingt-quatre gendarmes blessés, dont un en urgence absolue, et de sept manifestants blessés, dont un en urgence absolue.

La guerre des chiffres une fois de plus.

Une « extrême violence », a dénoncé le ministre, fustigeant « plus d’un millier de personnes extrêmement radicalisées », avec parmi elles « des black blocs, des gens de l’extrême gauche, de l’ultragauche qui s’en prennent aux gendarmes physiquement ».

Car les qualificatifs employés par les divers représentants de l’État pourraient être justes, s’ils étaient reliés aux bons sujets. Ce ne sont pas les manifestant·es antibassines qui font courir un danger à la démocratie. C’est l’entêtement du pouvoir à protéger les activités qui détruisent le monde et nos conditions d’existence.

Ces bassines doivent servir à stocker en plein air de l’eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d’irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Mais leurs opposant·es leur reprochent d’accaparer une ressource en eau de plus en plus rare, au profit d’une agriculture intensive polluante et émettrice de gaz à effet de serre.

« L’eau est le sang vital de notre planète », écrivent des chercheurs du Postdam Institute, un centre de recherche très respecté, dans un récent article de Nature où ils appellent à la création d’une « nouvelle économie de l’eau » pour la reconnaître comme un bien commun.

Cet article scientifique entre en résonance directe avec les affrontements de Sainte-Soline : « Les gestionnaires de l’eau ont toujours dû gérer les variations naturelles, en construisant des réservoirs plus grands et en pompant dans les aquifères pour combattre la rareté. Mais les défis actuels et les tendances qui s’annoncent pour le reste de ce siècle requièrent une approche complètement différente. Une révision complète de la manière dont on gouverne l’eau, dont on prend des décisions à son sujet et établit sa valeur. »

Les chercheurs et chercheuses du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) viennent par ailleurs de publier un résumé.

 

 

Diffusion lundi 4 avril 2023 – 10h20 / 17h05

O.Nottale


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