Le bleu du lac de Jean Mattern Divergence
Si le titre (Le bleu du lac ») renvoie à un tableau de Paul Cézanne, « Le lac d’Annecy » (qu’on se permettra d’ailleurs de trouver plus vert que bleu, mais bon), il est surtout question, et doublement, de musique dans le nouveau roman (son cinquième, si on compte bien) de Jean Mattern, par ailleurs auteur d’un essai puissamment intitulé « De la perte et d’autres bonheurs », consacré à un essai de Freud.n nnLa musique est d’abord le sujet principal du livre, qui raconte l’histoire de Viviane Craig, ci-devant professeure de piano à la vie tranquille et qui, d’un jour l’autre, devient célèbre pour avoir remplacé un jour, au pied levé (si on peut écrire dans ce contexte) un autre pianiste. De cette célébrité naît une passion secrète, pour cette femme mariée, avec James Fletcher, critique musical. Ce même James qui, après son décès brutal, lui demande, par le biais de son exécuteur testamentaire, de venir jouer à sa messe de funérailles, cinq minutes de Brahms, l’un de ses compositeurs d’excellence.n nnCe récit, elle le déroule le temps d’un trajet en métro, sur la Picadilly Line, en route pour cette messe où elle devra dire adieu à son amant, et il est lui aussi pure musique. Impossible, en effet, tant les phrases s’enchaînent dans une syntaxe à la fois souple et complexe, de ne pas penser plus à un phrasé musical qu’à une narration traditionnelle. Impossible aussi (nous, sommes, après tout, en terre anglo-saxonne), de ne pas évoquer le flux de conscience de l’ »Uysse » de James Joyce, ou « Les vagues » de Virginia Woolf – il y a des références plus mauvaises.n nnnJean Mattern en interview dans Rock and Pages.nnnnDiffusion jeudi 24 mai 2018 – 19h00nRediffusion samedi 26 mai 2018 – 18h00nnnAnimation Mp.SorianonRéalisation B.Bertrand«