Élise Huchard - Repenser la frontière homme-animal : vers la chute du mur ? Divergence
Comprendre la nature de la frontière qui sépare les hommes des animaux est une question qui a traversé les civilisations, faisant appel à de nombreuses disciplines, de la théologie et la philosophie à la zoologie ou l’anthropologie, et plus récemment la biologie évolutive, la génétique, et l’éthologie. Cette question n’a jamais suscité un tel intérêt, associé à des inquiétudes quant aux conditions d’utilisation des animaux dans nos sociétés. La biologie évolutive rejette une différence de nature entre hommes et animaux, en montrant la continuité des traits génétiques, morphologiques et comportementaux séparant les espèces. Quant aux découvertes récentes des éthologues, portant sur la cognition, la communication, l’usage d’outils, la complexité stratégique des interactions sexuelles et sociales, ou encore les cultures et les personnalités animales, elles ne cessent de miner les hypothèses traditionnelles quant à la nature de cette frontière, et sont parfois considérées comme formant la base d’une révolution scientifique. Dans le même temps, des philosophes de plus en plus nombreux ont réinvesti la question avec un regard nouveau, qui s’interroge sur la validité de notre tradition humaniste et anthropocentriste, et sur les implications morales de la chute de la frontière entre hommes et animaux.n nÉlise Huchard est vétérinaire de formation, puis a entamé une carrière de recherche en biologie évolutive, sur le comportement animal. Elle a passé quelques années à l’étranger, à l’université de Goettingen et de Cambridge, avant de rejoindre le CNRS, dans l’équipe « Biologie Évolutive Humaine » de l’Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier. Elle travaille sur l’évolution des sociétés animales, en étudiant les déterminants et les conséquences évolutives des interactions sociales et sexuelles entre individus, et en particulier les conflits liés à la reproduction. Ses travaux portent sur des populations sauvages de primates (babouins, lémuriens) et de carnivores (suricates) à travers le suivi à long-terme des individus, qui permet de retracer leur « histoire de vie », de la naissance à la mort.nnDiffusion directe : Mercredi 22 mars – 20h30nRediffusion : Samedi 25 mars – 14h00n