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Sous les chansons l'histoire

Trova do Vento que Passa (Adriano Correia de Oliveira, 1963)

today08/12/2017 38

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    Trova do Vento que Passa (Adriano Correia de Oliveira, 1963) Divergence


La chronique d’aujourd’hui nous transporte en terres lusitanes au début des années soixante. Nous sommes alors très loin de l’engouement touristique que connaît actuellement le Portugal. Non… C’est plutôt un Portugal grisâtre, isolé au fin fond de la péninsule ibérique. Un pays d’un autre temps, d’une autre époque, où le soleil brûle la terre des plaines de l’Alentejo. Un pays silencieux… Un « Portugal baillonné », pour reprendre le titre de l’ouvrage publié, en 1974, par Mario Soares alors exilé politique en France. La dictature règne depuis près de 35 ans perpétuant un régime qui vit dans une époque passéiste et idéalisée. Celle d’un empire régnant sur tous les continents. n

Un empire ? Le Portugal s’embourbe dans les guerres coloniales, en Angola, au Mozambique, en Guinée-Bissau ! Il s’obstine, à contre-courant de l’Histoire, à l’ère des indépendances… Et pendant qu’il tente, vainement, de garder ses colonies, la métropole saigne en silence… Le pays se vide de son souffle de vie. Les hommes vont à la guerre ou choisissent l’exil, l’autre nom de l’émigration. La féroce PIDE, la police politique de l’État, tient la population muselée en faisant régner la peur et la méfiance de son voisin… Rua Augusto Rosa, derrière la cathédrale de la Sé, on entendait parfois, à travers les fenêtres grillagées de la prison de l’Aljube, les cris de douleurs des prisonniers sous la torture… Et le pays tout entier survit à la limite du sous-développement… Un sous-développement voulu par Salazar, le dictateur, qui estime que le développement ne menait qu’au conflit et à des prises de conscience… Surtout pas ça !n

Malgré tout ces efforts, en chaque autoritarisme survit une résistance aspirant à la liberté. Adriano Correia de Oliveira, fait partie de ce murmure de vieEtudiant en droit à l’Université de Coimbra, membre du parti communiste portugais, il est également chanteur de fado. C’est d’ailleurs à Coimbra que se développe un fado contestataire très particulier. Il fait partie des chanteurs-compositeurs portugais engagés contre le régime de Salazar, tel Zeca Afonso. En 1963, sur son album Fados de Coimbra, Adriano chante Trova do Vento que Passa, un poème de son ami le militant socialiste Manuel Alegre. Dans cette « ballade du vent qui passe », évoquant entre les lignes la censure qui sévit, il nous dit :n

« Je demande au vent qui passe des nouvelles de mon pays et le vent me cache la tragédie… Le vent ne me dit rien…n

Mais il y a toujours une bougie en chaque tragédie, il y a toujours quelqu’un qui sème des chansons dans le vent qui passe…n

Même dans la nuit la plus triste, dans les moments de servitude, il y a toujours quelqu’un qui résiste, il y a toujours quelqu’un qui dit non. »n

Cette chanson s’est rapidement transformée en un véritable hymne national de résistance dans les années précédant la révolution du 25 Avril. Et c’est toujours une profonde émotion que d’entendre ces paroles, cette voix du regretté Adriano Correia de Oliveira, et de se dire que ces chansons, c’étaient, à l’époque, l’espoir d’un avenir meilleur pour un Portugal libéré.nnnnDiffusion vendredi 8 décembre 2017 – 17h40nnnC.Pereiran »


Sous les chansons l'histoire

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