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Les Chroniques d'Olivier Nottale

Pendant ce temps-là, au Sénégal…

today12/02/2024 6

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Trois semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle, à laquelle il ne pouvait pas se présenter, le chef de l’État sénégalais a reporté le scrutin sine die. Une partie de l’opposition, vent debout, parle d’une « régression démocratique » inédite.

Merci à Rémi Carayol auteur d’un article en ligne pour Médiapart pour son éclairage.

En Afrique de l’Ouest, on connaissait les coups d’État militaires, qui se sont multipliés ces dernières années. On connaissait les coups d’État constitutionnels, lorsque le président en exercice modifie la Loi fondamentale pour s’affranchir de la règle limitant le nombre de mandats consécutifs : c’est ainsi qu’Alpha Condé en Guinée et Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, pour ne citer que les derniers exemples, se sont maintenus au pouvoir. Parlera-t-on, désormais, de coups d’État institutionnels ? Selon plusieurs juristes, ce qu’il se passe au Sénégal depuis le samedi 3 février en a tout l’air.

Le pays s’apprêtait à entrer en campagne électorale le lendemain, dimanche 4 février. Celle-ci devait durer trois semaines, jusqu’au premier tour de l’élection présidentielle, fixé au 25 février. Mais le président sénégalais, Macky Sall, qui ne pouvait pas se représenter en raison de la limite du nombre de mandats, en a décidé autrement. Samedi, il a annoncé le report sine die de l’élection. Raison invoquée : « Un différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d’une supposée affaire de corruption de juges. »

Lundi matin, plusieurs sources évoquaient un report de six mois, voire d’un an. Macky Sall a tenu à rappeler « [son] engagement solennel à ne pas [se] présenter ». Mais son mandat arrivant à échéance le 2 avril, plusieurs observateurs craignent un vide juridique à venir.

« À partir du 2 avril, le président ne sera plus légalement considéré comme le président du Sénégal, il exercera un pouvoir de fait

« À bien des égards, estime Ousmane Diallo, chercheur au bureau régional de l’ONG Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, cette décision constitue un coup d’État institutionnel par son caractère unilatéral et anticonstitutionnel. » Un dauphin qui ne fait pas l’unanimité

Pour comprendre comment on en est arrivés là, il faut revenir quelques mois en arrière. Le 3 juillet 2023, après avoir laissé planer le doute pendant des années, et malgré l’insistance d’une partie de ses proches, Sall (élu en 2012 et réélu en 2019) annonce qu’il ne briguera pas de troisième mandat. La Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats successifs, l’en empêche, même si son entourage argue que la révision constitutionnelle adoptée en 2016 a remis les compteurs à zéro.

Dès lors, il lui faut se trouver un dauphin, un dossier laissé en friche pendant des années. Les candidat·es sont légion au sein de la coalition au pouvoir…

(à suivre…) Lundi 12 février 2024 – 10h20 / 17h05

 

O.Nottale


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