Oh ça va, c’est Gérard ! Divergence
Peut-on salir un monument ?
Au cours d’une enquête de plusieurs mois, Mediapart a recueilli de nombreux témoignages accusant Gérard Depardieu de violences sexuelles…
https://www.mediapart.fr/journal/france/130423/affaire-depardieu-je-n-ai-plus-envie-de-me-taire
Marine Turchi écrit :
« Tu t’appelles Gérard Depardieu. Tu es mis en examen pour viols et agressions sexuelles. […] Tu dégoûtes, mais le pire, c’est que les Françaises et Français sont encore de ton côté. » Sur son compte Instagram, la réalisatrice Andréa Bescond, très engagée dans la lutte contre les violences sexuelles, a pris l’habitude d’interpeller le grand public sur des affaires #MeToo.
Le collectif « Paye ton tournage » – qui dénonce les violences sexuelles et sexistes dans le cinéma – a publié un appel à témoignages concernant « un acteur très connu…
Trois femmes ont apporté leur témoignage à la justice, mais aucune n’a porté plainte. Les unes ont renoncé, les autres n’y ont même pas songé. En cause, le sentiment que leur parole pèserait peu face au monument du cinéma français. Et qu’elle pourrait même signer la fin de leur carrière.
Au fil des récits, la scène semble se répéter. Elles sont comédiennes, maquilleuses ou techniciennes. Elles affirment avoir subi une main dans leur culotte, à leur entrejambe, à leurs fesses ou bien sur leur poitrine ; des propos sexuels obscènes ; parfois des grognements insistants. Suivis, souvent, de rires sur le plateau. Et cette même phrase, lorsque certaines se sont plaintes : « Oh ça va, c’est Gérard ! »
Au-delà des violences sexuelles et sexistes qu’ils dénoncent, ces récits interrogent la complaisance dont aurait bénéficié le comédien de 74 ans sur les plateaux de cinéma et l’absence de réaction des équipes de production.
Cette figurante, c’est Lyla*, 24 ans à l’époque. « Sans prévenir, Gérard Depardieu a mis sa main sous ma robe, j’ai senti ses doigts essayer de se faufiler pour atteindre ma culotte », affirme-t-elle à Mediapart. Mal à l’aise, elle dit avoir « repoussé sa main ». « Mais il a continué, il est devenu agressif, il a essayé d’écarter ma culotte et de me doigter : j’ai compris qu’il ne jouait pas son personnage
Elle est immédiatement allée se plaindre à la production. Ce qu’atteste l’assistante costumière qui a entendu l’échange et confirme les termes du récit de Lyla. Isabel Butel se remémore avoir été « très choquée » par la réaction globale sur le plateau : « C’était du style : “Oh c’est Gérard, il est un peu taquin.” »
Huit ans après, l’actrice garde en mémoire ce tournage qui l’a « traumatisée ». « J’ai été agressée dans un environnement de travail, pas dans un coin isolé, mais sur le plateau. Il y avait tellement de témoins oculaires, y compris le réalisateur, qui était juste devant nous ! Personne n’a rien dit. Même quand je me suis plainte et que je me faisais crier dessus. Un silence de mort. »
Six ans plus tôt, un autre tournage, et des faits similaires remontés à la production. En 2007, le réalisateur Fabien Onteniente tourne une scène de boîte de nuit pour sa comédie, Disco (2008). Quelque 250 figurant·es sont présent·es pour danser autour du patron du club, interprété par Gérard Depardieu. L’une des figurantes, Hélène Darras, alors étudiante en école de théâtre, raconte qu’« entre chaque prise », le comédien l’aurait…
(à suivre…) lundi 17 avril 2023 – 10h20 / 17h05
O.Nottale