Non, tu n’as pas de nom (Anne Sylvestre, 1973) Divergence
Toutes les libertés acquises restent toujours à défendre. Car elles sont sans cesse attaquées par les réactionnaires, tenants de l’asservissement de l’Humain.n
Il est incroyable encore de voir, en 2016, d’insupportables lobbies catholiques militer contre l’avortement. Encore plus insupportable qu’une partie de la population choisisse, pour la représenter, des candidats ayant ce genre de convictions.n
Pourtant, quelle lutte durement gagnée, il y a quarante ans déjà ! Combien de souffrance ? Combien de honte dans la chair des femmes ?n
En 1974, la chanteuse Anne Sylvestre publie son album « Les Pierres dans le jardin ». On y retrouve la chanson « Non, tu n’as pas de nom » qui traite ouvertement de l’avortement. Ré-écouter, 42 ans plus tard, la douce, grave et belle voix d’Anne Sylvestre est particulièrement émouvant quand se déchaînent les passions imbéciles qui, sous couvert d’amour de son prochain, ne sont que mépris et soumission de la femme.n
A l’époque, le sujet est d’actualité : le 5 avril 1971, Le Nouvel Observateur publie le « manifeste des 343 ». Ces femmes déclarent : « Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées (…). On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté ».n
Ce sujet tabou se retrouve sur le devant de la scène. C’est un objet central de la lutte du Mouvement de Libération des Femmes.n
A l’époque, on détourne les « Feuilles mortes » en « Femmes mortes » :n
Les femmes mortes se ramassent à la pelle.nLes avortées, les avorteuses aussi.nEt les fœtus remplissent les poubellesnCar avorter, c’est illégal ici.nnC’est une chansonnQui nous ressemble,nToi, tu baisais,nMoi, j’avortais,nOn faisait ça,nSurtout l’dimanche,nCar le lundi,nFallait bosser. »n
Quelle détresse…nnnL’être humain doit pouvoir s’émanciper de l’asservissement et de la soumission. Les défenseurs de la vie universelle sont des militants pour la soumission de la femme, celle qui reste au foyer, bonne à n’être qu’une chienne qui met bas et tient sa maison. Sans travail et engrossée, la femme est dépendante du mari, sous l’approbation du curé de la paroisse.n
Bande de salauds !n
Rendons hommage aux femmes, à leur combat, qui est aussi le notre, à nous, les hommes.n
Rendons hommage à Simone Weil, grâce à qui l’avortement est légalisé en 1975. Et rendons aussi hommage aux lutteuses anonymes !n
Mais rendons aussi sa beauté à l’enfantement, lorsque celui-ci est le fruit de l’amour. Rendons également la beauté à la jouissance sans entrave, au plaisir sans angoisse ! Rendons la beauté à l’enfant désiré, l’enfant aimé !n
Et rappelons quelques-chiffres à Monsieur Fillon :n
Dans le monde, chaque année, 8 millions de femmes souffrent de complications liées à un avortement à risque. Dans le monde, chaque année, 47 000 femmes meurent suite à un avortement. Et, dans les pays en développement, les avortements à risque sont l’une des principales causes de mortalité pour les jeunes filles de 15 à 19 ans.n
Voilà pour le respect de la vie, M. Fillon.nnnnnDiffusion vendredi 24 novembre 2017 – 10h40 / 17h40nnnAnimation et réalisation C.Perreiran »