Meilleurs vœux et surtout bonne santé ! Divergence
Le président de la République a dévoilé la feuille de route de son second quinquennat en matière de santé. Une série de mesures, parmi lesquelles la suppression de la tarification à l’acte ou la remise en cause des 35 heures à l’hôpital, censées enrayer la crise du secteur. Soignants et élus attendent maintenant des actes.
Merci à Caroline Coq-Chodorge et Ilyes Ramdani
Journalistes pour leur éclairage du 6 janvier 2023 paru dans médiapart.
Pour son premier déplacement de l’année, Emmanuel Macron a tenté de convaincre l’opinion que la crise « sans fin » du système de santé était au sommet de ses priorités.
L’entourage présidentiel avait lui-même nourri les attentes autour de ce discours, promettant qu’Emmanuel Macron allait « donner un cap aux soignants » et « faire des annonces très concrètes
Bravo ! Emmanuel et alors ?
Alors que les revendications et les mobilisations se succèdent dans le secteur (en pédiatrie et en médecine libérale ces dernières semaines), Emmanuel Macron s’est évertué à mettre des mots sur « l’inquiétude, l’angoisse, la fatigue » des soignant·es. « Je sais l’épuisement personnel et collectif, le sentiment de perte de sens, de passer d’une crise à l’autre », a-t-il assuré, faisant allusion plus tard au « besoin de reconnaissance et de sens » qu’il percevait chez les soignant·es.
Les soignant·es lui ont redit leurs difficiles conditions de travail, la fuite de l’hôpital, les cent cinquante lits fermés, sur mille lits en tout, les rémunérations qui ne sont « pas à la hauteur », le travail de nuit pas reconnu, payé « un euro supplémentaire de l’heure », a insisté une infirmière
À ces soignant·es, Emmanuel Macron n’a cependant rien annoncé de neuf. Il n’a par exemple rien dit des ratios –un effectif minimum de personnels auprès des malades – réclamés par de nombreux collectifs hospitaliers.
Il s’est contenté de relancer de nombreux chantiers, certains explosifs : le financement de l’hôpital, son organisation, le temps de travail du personnel ; la place des médecins libéraux dans le système de santé ; les délégations de tâches vers d’autres professionnels de santé. Seule nouveauté : Emmanuel Macron a cette fois posé des ultimatums.
Emmanuel Macron a acté les difficultés profondes, structurelles, du système de santé. Dans les dix années à venir, le nombre de médecins ne cessera pas de diminuer, et dans le même temps, la population de vieillir. Le président de la République ne promet pas le grand soir : « On va mettre une décennie à changer le système en profondeur », a-t-il convenu. Il n’a pas avancé de chiffre, mais il s’y est engagé : « On va réinvestir massivement. »
« Il n’est pas dans le déni, c’est déjà ça. Mais son discours est une addition de petites mesures, tacle le médecin urgentiste Christophe Prudhomme, porte-parole de la CGT santé.
Emmanuel Macron fait en effet mine d’entendre de très anciennes revendications des hospitaliers : effacer la loi HPST de 2008, celle de Nicolas Sarkozy, qui a consacré l’« hôpital entreprise », où il n’y a qu’« un seul chef », le directeur…
Pour son premier déplacement de l’année, Emmanuel Macron a tenté de convaincre l’opinion que la crise « sans fin » du système de santé était au sommet de ses priorités.
L’entourage présidentiel avait lui-même nourri les attentes autour de ce discours, promettant qu’Emmanuel Macron allait « donner un cap aux soignants » et « faire des annonces très concrètes
Bravo ! Emmanuel et alors ?
Alors que les revendications et les mobilisations se succèdent dans le secteur (en pédiatrie et en médecine libérale ces dernières semaines), Emmanuel Macron s’est évertué à mettre des mots sur « l’inquiétude, l’angoisse, la fatigue » des soignant·es. « Je sais l’épuisement personnel et collectif, le sentiment de perte de sens, de passer d’une crise à l’autre », a-t-il assuré, faisant allusion plus tard au « besoin de reconnaissance et de sens » qu’il percevait chez les soignant·es.
Les soignant·es lui ont redit leurs difficiles conditions de travail, la fuite de l’hôpital, les cent cinquante lits fermés, sur mille lits en tout, les rémunérations qui ne sont « pas à la hauteur », le travail de nuit pas reconnu, payé « un euro supplémentaire de l’heure », a insisté une infirmière
À ces soignant·es, Emmanuel Macron n’a cependant rien annoncé de neuf. Il n’a par exemple rien dit des ratios –un effectif minimum de personnels auprès des malades – réclamés par de nombreux collectifs hospitaliers.
Il s’est contenté de relancer de nombreux chantiers, certains explosifs : le financement de l’hôpital, son organisation, le temps de travail du personnel ; la place des médecins libéraux dans le système de santé ; les délégations de tâches vers d’autres professionnels de santé. Seule nouveauté : Emmanuel Macron a cette fois posé des ultimatums.
Emmanuel Macron a acté les difficultés profondes, structurelles, du système de santé. Dans les dix années à venir, le nombre de médecins ne cessera pas de diminuer, et dans le même temps, la population de vieillir. Le président de la République ne promet pas le grand soir : « On va mettre une décennie à changer le système en profondeur », a-t-il convenu. Il n’a pas avancé de chiffre, mais il s’y est engagé : « On va réinvestir massivement. »
« Il n’est pas dans le déni, c’est déjà ça. Mais son discours est une addition de petites mesures, tacle le médecin urgentiste Christophe Prudhomme, porte-parole de la CGT santé.
Emmanuel Macron fait en effet mine d’entendre de très anciennes revendications des hospitaliers : effacer la loi HPST de 2008, celle de Nicolas Sarkozy, qui a consacré l’« hôpital entreprise », où il n’y a qu’« un seul chef », le directeur…
Diffusion lundi 9 janvier 2023 – 10h20 / 17h05
O.Nottale