Manouchian et Macron au Panthéon ! Divergence
Avec cette nouvelle « Chro » que je vous propose hebdomadairement sur les ondes de DIVERGENCE FM vous aurez droit à de larges extraits d’une chronique d’ Antoine Perraud publiée sur le site de Médiapart et datée du 22 février 2024.
Mais, je me permettrais d’y ajouter quelques grains de sel et un peu de poivre aussi.
Titre de la chronique de mon confrère Antoine :« Au Panthéon, Manouchian mis au supplice du verbe macronien. »
La mienne se sera « Manouchian et Macron au Panthéon ! »
La translation des restes de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon a donné lieu à deux ou trois moments d’émotion, dont « L’Affiche rouge » chantée par Feu Chatterton. Même si personnellement j’aurais choisi un autre interprète Bernard Lavilliers ou Hubert Félix Thébaine, mais personne ne m’a contacté…
le texte reste le même celui d’Aragon mis en musique par Léo Ferré magnifique et poignant.
Néanmoins, tout fut terni par l’accaparement et l’embrouillamini du pouvoir.
Dans les présents à cette cérémonie une question s’impose : « Où est le peuple ? »
Où sont les francs tireurs et les partisans d’un monde meilleur voulu par Manouchian et ses camarades ?
Pour Manouchian. Pas un chat ou presque nous décrit Antoine Perraud : The show must go on, place aux seules caméras. À l’extérieur, il pleut et la foule n’est de toute façon pas prévue : persona non gratta. À l’intérieur, sous la coupole du Panthéon, les huiles de la République patientent. Il y a bien le Parti communiste réduit à Fabien Roussel. Au fond près du radiateur, des collégiens, filles et garçons, s’agitent en s’apercevant sur les écrans, comme dans un stade de football. Ils sont contents quand ils se voient à la télé, le reste c’est probablement une autre histoire.
Parfait ! Reste le moment tant attendu pour l’entrée au Panthéon le discours.
Malraux pour Jean Moulin en exemple quasi parfait.
Voici en 2024 le président de la République, qui s’est transporté sur place.
Sur « la place des grands hommes », le président se livre à son passe-temps favori le détournement de vieillards. Il embarque vers le saint des saints deux résistants communistes, chacun dans sa 98e année : Léon Landini et Robert Birenbaum. Une prise de guerre en temps de paix.
Sur CNews on stigmatise ceux qui ont tendance à réviser notre histoire, il est martelé une fois pour toutes que « la Résistance est venue de la droite et de l’Action française ». Que fait l’Arcom !
Heureusement Les noms des vingt et trois éclatent dans la nuit, par la voix de Serge Avédikian, qui met à chaque fois l’accent pour faire retentir, sous la pluie et les étoiles, toutes les consonances étrangères possibles. C’est beau et puissant. Avant que ne réponde, après chaque patronyme, un déchirant : « Mort pour la France. »
Le Chant des partisans, heureusement, résiste, s’impose et donne la chair de poule… Il y aura eu donc aussi L’Affiche rouge d’Aragon-Ferré pour nous rappeler ce que nous regardons.
Or voici qu’en ce 21 février 2024, Macron macronne. Ivre d’être soi-même et d’être là, il abuse des silences appelés soupirs en musique mais qui nous font soupirer nous les indignés devant ce spectacle surjouer.
Tout est attendu, convenu, conformiste, superficiel, artificiel. Nous n’en pouvons plus d’entendre ce vieux disque rayé, dont nous anticipons chaque ficelle usée jusqu’à la corde. Le président paraphrase Aragon. Fier de sa culture de khâgneux endormi sur ses lauriers – le contraire de l’autodidacte Manouchian toujours sur le qui-vive spirituel –, le locataire de l’Élysée fait fuser de ses fiches des citations qui partent dans tous les sens et ne font pas mouche.
Emmanuel Macron arbore le masque de l’émotion. Son regard se voudrait à la fois lointain et intérieur.
Diffusion lundi 26 février 2024 – 10h20 / 17h05
O.Nottale