Des opioïdes sans effets secondaires ? Divergence
Un mal de tête, une rage de dent, le dos qui se grippe avec les premiers frimas de l’hiver ou pour ceux qui le peuvent encore une gueule de bois, et nous voilà déjà dans l’armoire à pharmacie à la recherche du dernier cachet de paracétamol.
Mais quand est-il quand la douleur s’installe, que le paracétamol et l’ibufronène ne suffisent plus ? L’arsenal thérapeutique des analgésiques n’étant pas infini la douleur chronique rime malheureusement trop souvent avec opioïdes. Alors certes tout le monde ne prend pas de la morphine mais d’autres médicaments ont fait leur chemin dans nos pharmacies à bas bruit : la codéine et le Tramadol qui à partir du 1er décembre prochain feront l’objet d’une ordonnance sécurisée. Pourquoi ?
Parce que selon une enquête menée par le réseau français d’addictovigilance, le nombre de personnes dépendantes qui ont désigné le tramadol comme premier produit ayant entraîné leur addiction a été multiplié par 17 en 10 ans. Le mécanisme est proche de celui d’autres drogues non prescrites sur ordonnance : des prises un peu trop répétées sur des périodes un peu trop longues, une tolérance à la substance qui s’installe alors que paradoxalement la sensibilité à la douleur elle augmente. Alors on augmente également les doses et la fréquence et quand cela ne suffit plus, certains passent au pallier supérieur : oxycodone, fentanyl, buprénorphine.
Cette histoire a coûté la vie de plus de 800 000 américains en 25 ans et ce qu’on appelle désormais la crise des opioïdes ne cesse de s’accélérer puisque que 82 000 personnes en seraient morte entre février 2021 et février 2022 selon le Centres de prévention et de contrôle des maladies américains.
Alors face à cette crise que faire ? Puisqu’on ne peut décemment pas non plus laisser les victimes de douleurs chroniques souffrir sans solution. Le défi serait donc d’annuler ou de limiter ce phénomène d’échappement de l’efficacité des opioïdes et cette hypersensibilisation à la douleur qui conduisent à la longue à augmenter toujours plus les doses.
Ce défi notre invité l’a relevé. Il publie dans Nature communication avec d’autres collègues de l’Inserm et du CNRS entre autres, des résultats très prometteurs. Ce n’est pas son premier passage dans A l’UM la science.
Cyril Rivat est chercheur l’Institut des neurosciences de Montpellier et il a publié le 7 novembre dernier cet article intitulé L’inhibition de la signalisation FLT3 supprime la tolérance aux opioïdes et l’hyperalgésie tout en préservant l’analgésie.
En deuxième partie d’émission nous vous emmenons sur la plateforme Symbio 3 qui synthétise des biomolécules et des polymères.
En fin d’émission Florian Bergohne, chargé de projet au service handiversité nous présente une conférence grand public sur les régimes restrictifs.
A l’UM la science vous avez le programme c’est parti!
Diffusion mercredi 20 novembre 2024 – 18h00
Rediffusion jeudi 21 novembre 2024 – 12h00
Animation L.Lecherbonnier / A.Periault
Réalisation T.Chevalier