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Sous les chansons l'histoire

Canto das Três Raças (Clara Nunes, 1976)

today25/03/2019 110 1

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    Canto das Três Raças (Clara Nunes, 1976) Divergence


Le 28 octobre 2018, Jaïr Bolsonaro est élu président de la République du Brésil avec 55, 13 % des voix, soit 58 millions d’électeurs. Avec son accession au pouvoir, c’est l’ombre du fascisme qui s’abat sur le Bresil. En effet, Bolsonaro se montre ouvertement sexiste, raciste homophobe, revendiquant son catholicisme, un fort anticommunisme et affichant sa nostalgie de la dictature par une volonté claire d’autoritarisme. n

En effet, entre les années 1964 et 1985 le Brésil a connu une dictature militaire avec l’appui de la CIA, à l’instar du coup d’État de Pinochet en 1973. Les libertés sont suspendues, la censure instaurée. De nombreux opposants sont détenus, torturés ou voués à l’exil. C’est dans ce contexte particulier que Clara Nunes fait paraître, en 1976 très précisément, son album « Canto Das Três Raças », dont la chanson éponyme est particulièrement engagée. La chanteuse, considérée comme une des plus grandes interprètes de samba, revient alors sur l’histoire du peuple brésilien, peuple métisse, peuple opprimé, constitué de trois races : l’Indien, le Noir, le Blanc. n

Dans un premier couplet, elle évoque ainsi « les tristes lamentations que l’on peut entendre depuis que l’Indien guerrier fut capturé et se mit à chanter ». Ici sont donc mentionnés les peuples autochtones du Brésil. Dans une second couplet, elle évoque « le Noir, entonnant un chant de révolte lorsqu’il se réfugia au Quilombo dos Palmares ». Vient donc le deuxième peuple, celui des esclaves noirs que l’on a amené d’Afrique pour travailler dans les plantations de canne à sucre du Nordeste. Clara Nunes fait ici référence à la révolte des esclaves noirs, appelés quilombo au Brésil, qui eut lieu à Palmares au XVIIe siècle. Pendant près de cent ans, ces derniers ont réussi à s’organiser durablement en un territoire autonome, tenant en échec les Hollandais et les Portugais. Enfin, la chanteuse évoque l’exploitation des propres blancs opprimés, colons portugais installés ou nés au Brésil. Ceux-ci se sont notamment révoltés, en 1789, contre les excès fiscaux de la métropole lors de ce que l’on a appelé la conjuration Mineira.n

C’est toute une histoire de la Musique Populaire Brésilienne que nous propose Clara Nunes. Une histoire qui est celle conjuguée du chant de trois peuples opprimés. Du chant triste des premiers indiens prisonniers, auquel se joint les lamentations de souffrance des esclaves noirs puis, enfin, celui des blancs opprimés. Sans faire de différence entre eux, l’auteur unit les peuples par ce qu’ils ont de commun, à savoir leur statut de peuple sous le joug d’un oppresseur. Ramenant son propos à une période plus proche de nous, Clara Nunes évoque encore le chant d’agonie du travailleur, qui devait être un chant de bonheur mais qui n’est un cri de douleur. Elle dénonce ainsi une nouvelle forme d’esclavage, un esclavage moderne, où l’homme est esclave du Capital, où le prolétaire est l’esclave de son patron, du bourgeois, une nouvelle forme d’esclavage où la couleur n’a que peu d’importance. C’est une grande leçon de la part d’une grande chanteuse qui nous rappelle ainsi qu’il ne faut pas se tromper de combat et que la liberté est toujours à défendre, et encore aujourd’hui, sous la présidence de Bolsonaro. Courage au peuple brésilien !nnnnDiffusion mardi 26 mars 2019 – 10h40 / 17h40nnnC.Pereirann »


Sous les chansons l'histoire

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