Devoir de mémoire !
De 1984 à 2024 : Comment des hommes politiques indépendantistes kanak se retrouvent catégorisés en « radicaux » du fait même de la dérive d’un état colonial ?
le vendredi 17 janvier 2024 au Carrousel de Montpellier (4 rue Saint-Barthélémy).
Avec : Me François ROUX avocat du FLNKS, Caérole MACHORO élue UC FLNKS la soeur d’Eloi MACORO, Gaston NEDENON militant historique de Canala et Eric SORIANO Docteur en sociologie politique Université Paul Valéry de MONTPELLIER
« Quarante ans après, Éloi Machoro reste une icône dans le monde kanak, pour sa jeunesse notamment, au même rang que le grand chef Ataï qui mena la guerre de 1878 contre l’occupant français et à qui il est souvent comparé. Son portrait
est partout : T-shirts, banderoles, murs des tribus ou des quartiers populaires nouméens, réseaux sociaux… Disparu avant le temps des accords, Machoro incarne une lutte sans concession contre cette colonisation qui n’en finit pas. Le
4 avril dernier, en marge d’une conférence de presse organisée au local de l’UC à Nouméa, une hache plantée dans une urne accueillait les journalistes… Quand il faut revenir aux actions de terrain, on invoque l’esprit du vieux Éloi.
Un certain malentendu persiste pourtant autour de cet homme assez mal connu, presque autant du côté de ses partisans que de ses opposants. Les deux camps entretiennent en effet une légende qui, dorée ou obscure, dresse finalement plus ou moins le même portrait, celui d’un Che Guevara océanien jusqu’au-boutiste. Ce qui a peu à voir avec la réalité… Car s’il meurt un fusil à la main, Machoro n’aura jamais tiré un seul coup de feu – pas même avant d’être abattu, contrairement à la première version des « forces de l’ordre » cherchant à justifier leur crime.
C’est en réalité un homme qui s’est montré largement ouvert au dialogue – à l’instar des autres responsables de l’UC de l’époque. Il participe d’ailleurs en 1983, aux côtés de Yeiwéné et Tjibaou, à la table-ronde de Nainville-les-Roches, durant laquelle les indépendantistes tendront la main aux autres communautés de l’archipel, reconnues comme « victimes de l’Histoire ». Si Éloi Machoro se pose la question du recours à des modes d’action plus radicaux, ce n’est
qu’en réponse au mépris et à la brutalité du système colonial. En cela, son parcours épouse celui de son peuple, toujours ouvert à l’échange, mais se heurtant, jusqu’à aujourd’hui, à un État français enfermé dans sa logique impérialiste criminelle. On ne rappellera jamais assez que l’explosion de colère populaire au soir du 13 mai 2024, après le vote par l’Assemblée nationale du projet de loi constitutionnelle actant le dégel du corps électoral, faisait suite à des mois de mobilisation massive et pacifiste des forces indépendantistes, et kanak en premier lieu…
Dans une lettre rédigée le 17 novembre 1984, veille du boycott actif, et longtemps présentée à tort comme sa dernière, Éloi Machoro écrivait ces mots restés dans les mémoires : « Le combat ne doit pas cesser, faute de leaders ou faute de combattants ». Si le peuple kanak a pu depuis donner l’impression qu’il était moins combatif, ce n’était que parce qu’il donnait une chance au processus de décolonisation porté par les accords de Matignon, puis de Nouméa.
Suivant le mot d’ordre de Machoro, il n’a en réalité jamais renoncé à la lutte pour son émancipation et pour l’indépendance de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie. L’année écoulée nous l’a encore prouvé.
Cette rencontre de vendredi 17 janvier 2025 aura pour but de rendre hommage, d’échanger et trouver des pistes de solution quant aux problématiques qui demeurent les mêmes depuis 40 ans dans le combat pour l’indépendance de KANAKY. Le thème de notre conférence sera le suivant: De 1984 à 2024: comment des hommes politiques indépendantistes kanak se retrouvent catégorisés de “radicaux” du fait même de la dérive d’un état colonial ?
Dans la dynamique des 40 ans, l’Union Calédonienne, prend sa responsabilité de célébrer partout où ses militants se trouvent.
Ainsi, dans le respect de votre travail de solidarité pour la lutte du peuple kanak, nous vous invitons à participer aux échanges qui auront lieu le vendredi 17 janvier 2024 au Carrousel de Montpellier (4 rue Saint-Barthélémy). »
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Rappel
Diffusion mercredi 15 janvier 2025 – 10h30
O.Nottale