
Elle a des milliers d’années et son histoire nous a été contée par Thierry RUIZ , enseignant chercheur, plongeur et Annie Perraud docteur en archéologie elle aussi plongeuse au GRAAL.
À l’occasion d’une opération archéologique entreprise en 2018 sur le littoral du golfe d’Aigues-Mortes entre Carnon et Palavas les plongeurs du Groupement de Recherche Archéologique du Littoral Languedocien (fondé en 2014 et regroupant une trentaine d’adhérents dont une quinzaine de plongeurs-archéologues amateurs), ont mis en évidence la présence de deux éléments ligneux verticaux par 10 m de profondeur. L’année suivante, deux nouveaux étaient découverts plus à l’est.Trente-neuf souches d’arbres en position de croissance ont été ainsi observées et positionnées et treize ont été fouillées et remontées,
Entre 2020 et 2022, les opérations de fouilles sous la direction de Marie-Pierre Jézégou, ont permis de comprendre qu’il s’agissait de souches appartenant à une forêt à présent ennoyée. Les essences sont le chêne caducifolié et l’érable.
Aux prises avec la remontée des eaux, la forêt est progressivement morte et les arbres qui ont péri dans les lagunes ont pu être conservés par leurs sédiments de nature argileuse. Il y a environ 10 000 ans – période interglaciaire dénommée l’holocène – le niveau des mers et océans est remonté de 123 mètres atteignant le niveau actuel. Les souches retrouvées constituent les vestiges de la forêt qui s’étendait sur le territoire continental situé au large du rivage actuel, le littoral à cette époque devant se trouver à plusieurs dizaines de kilomètres plus au sud. Sur ces terres alors émergées, se trouvaient les espèces végétales adaptées au climat en vigueur.
Une histoire passionnante et un exemple de production de connaissance unissant des professionnels et des amateurs constitue un exemple remarquable de sciences participatives.
Fragile et sans intérêt autre que celui d’approfondir la connaissance du passé, la localisation précise de ce site n’est pas indiquée. Mais on peut en s’installant sur le littoral, imaginer qu’il y a à peine 8000 ans, s’étendait en lieu et place des vagues, un territoire boisé avec ses biodiversités animale et végétale, des rivières et fleuves côtiers dont celui que l’on nomme le Lez. La preuve qu’en 20.000 ans, le climat s’est réchauffé de 5° quand la mer montait de 123m .De quoi réaliser consciemment la non-permanence qui s’est opérée et qui s’opère encore.
Selon le GIEC, 5° de plus c’est ce qui nous menace non plus en 20.000 ans mais seulement en un siècle.
Images prises par les plongeurs du GRALL
Diffusion vendredi 18 avril 2025 – 12h00
Rediffusion dimanche 20 avril 2025 – 18h00
Animé par la journaliste D.Martin-Ferrari
Réalisation A.Rollet