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A Davos, cette fois on touche le fond Divergence
Et cela fait très mal à ce que nous pensions sur ce que devrait être la gouvernance économique mondiale.
Martine Orange journaliste nous raconte le sommet qui a en effet atteint les cimes. Extrait de son article intitulé « À Davos, les élites mondiales se rallient à l’impérialisme de Trump. »
Comme le dirait l’humoriste Christophe Alévêque lors de ses revues de presse, vous avez des questions ?
Dès les premières heures du sommet économique mondial à Davos, le 20 janvier, les participants ont compris que quelque chose avait changé : leur heure était passée. Alors que toutes les caméras et tous les micros se tournaient habituellement vers eux pour avoir leur avis sur la conduite du monde, pour la première fois, ils se sentaient négligés, presque abandonnés. Le pouvoir était désormais ailleurs. À Washington.
Tandis que les intervenants se succédaient sur scène, l’auditoire leur prêtait une attention distraite : les yeux rivés sur les écrans, il regardait la cérémonie d’investiture de Donald Trump. Au premier rang trônaient ces milliardaires du numérique qui avaient si souvent animé les débats de Davos dans le passé : Elon Musk (Tesla, X) naturellement, Jeff Bezos (Amazon), Mark Zuckerberg (Meta), Sundar Pichai (Alphabet-Google), Tim Cook (Apple).
1 300 milliards de dollars à eux cinq, avait calculé la presse. Mais surtout, la présence de ces responsables illustrait une rupture que nombre de participants de Davos n’auraient même pas osé rêver il y a encore quelques mois : ces milliardaires sont désormais au cœur de la machine politique et administrative des États-Unis, première puissance économique mondiale.
Avant même de prendre la parole par visio au sommet le 23 janvier, le président américain avait dicté l’agenda. Plus que de la sidération face à la vitesse à laquelle Donald Trump a pris le pouvoir, il y avait de la fascination chez les participants à ce forum.
Car ce qui s’est joué lors de ce sommet de Davos, c’est le ralliement de ces élites mondiales, jusqu’alors adeptes de la mondialisation heureuse, à la contre-révolution illibérale, voire fasciste lancée par Donald Trump. Impuissantes à trouver les remèdes pour réparer un capitalisme en crise depuis 2008, toutes sont prêtes désormais à épouser l’impérialisme du président américain, qui leur promet un « âge d’or » du pouvoir de l’argent sans frein et sans limite.
Toutes souscrivent à ce capitalisme de prédation et à la violence sociale qu’il implique, acceptant de renoncer à tous les principes, et d’abord à la démocratie. Elles qui ont soutenu pendant des décennies que le capitalisme en était le meilleur garant.
Brusquement, tout ce que ces participants louaient comme des succès – y compris lors du dernier sommet – leur est apparu affreux. Tout ce qu’ils vantaient comme un modèle indépassable, allant jusqu’à en nier les échecs les plus flagrants, leur semble périmé.
Diffusion lundi 27 janvier 2025 – 10h20 / 17h05
O.Nottale