Erdogan touché, mais pas coulé Divergence
Au lendemain des élections présidentielles et législatives en Turquie, les résultats définitifs se sont faits attendre. Recep Tayyip Erdogan est crédité de 49,24 % des suffrages, contre 45,06 % pour Kemal Kilicdaroglu selon des résultats quasi-définitifs. Alors qu’un second tour se tiendra le 28 mai, les deux candidats se disent sereins.
Après une nuit passée à scruter les résultats de l’élection présidentielle du 14 mai, la Turquie se réveille un peu groggy
Recep Tayyip Erdogan a fait mentir tous les sondages. Tous annonçaient Kemal Kilicdaroglu largement devant le président-candidat. Or, il affiche une avance de 2,6 millions de voix sur son rival.
« Nous ne savons pas encore si l’élection est terminée avec ce premier tour, mais si le peuple nous emmène au second tour, nous le respecterons » a promis Recep Tayyip Erdogan lors d’une prise de parole aux accents de victoire à Ankara. Le leader de l’AKP attend le décompte des votes des citoyens turcs vivant à l’étranger soit 3,4 millions de personnes. Selon les résultats, il a obtienu 56,15 % des voix contre 40,71 % pour Kemal Kilicdaroglu. En 2018, il avait recueilli 60 % des votes à l’étranger. Donc stable une fois encore !
« Erdogan est en difficulté, mais c’est relatif, estime Bayram Balci, chercheur au CERI-Sciences-Po à Paris et ancien directeur de l’Institut français d’études anatoliennes (IFEA). Il a quand même recueilli 49 % des voix et, au deuxième tour il y a de fortes chances qu’il soit favorisé. Le petit parti de Sinan Ogan qui a reçu 5% des voix, va être en quelque sorte l’arbitre. Il est probable que ce parti nationaliste fasse du marchandage et réussisse à s’entendre avec Erdogan ».
Rappel :
En 2018, Recep Tayyip Erdogan avait remporté le scrutin dès le premier tour avec 52,5 % des voix.
Le nationaliste Sinan Ogan est arrivé troisième de ce scrutin il est donc le faiseur de roi pardon de suyltan.. Il est crédité de 5,3 % des voix, ce qui devrait lui donner un rôle décisif pour le second tour.
« Nous consulterons notre base électorale avant de prendre une décision pour le second tour. Mais nous avons déjà dit clairement que la lutte contre le terrorisme et le renvoi des réfugiés sont nos lignes rouges », a-t-il précisé dans une interview accordée à Reuters.
La participation d’ordinaire très forte s’annonce encore plus massive. Elle frôlerait les 90 %, de quoi faire pâlir d’envie nombre de pays européens.
« En Turquie, c’est une tradition. Le Turcs sont très mobilisés en période électorale, entre 80 et 90 %, précise Bayram Balci, mais là on parle de 92 à 93 %. C’est assez impressionnant. Les Turcs croient en la capacité de changer les choses par les urnes ».
Pour Nora Seni, spécialiste de la Turquie, cela témoigne avant tout de la polarisation de la société. « Ils ont peur des résultats qui ne soient pas favorables à leur camp. Les conservateurs, électeurs d’Erdogan, ont peur de tout perdre. Ils ont un sentiment de reconnaissance pour leur statut économique et social, culturel. Ils ont été reconnu comme les membres les plus importants de la population. Erdogan a joué une carte culturelle, idéologique »…
(à suivre…)lundi 22 mai 2023 – 10h20 / 17h05
O.Nottale