Une histoire de masque Divergence
Bonjour à tous et à toutes, je suis Béatrice Pradillon, co-fondatrice de l’association Les Dévalideuses, et j’ai le plaisir d’inaugurer une nouvelle chronique dédiée principalement au handicap. nnAlors ne partez pas tout de suite, je vous promets ça va être intéressant et parfois drôle. On n’est pas au Téléthon ici, on n’est pas là pour faire pleurer dans les chaumières !nnAlors, de quoi on va causer ? Principalement de handicap, de validisme, d’accessibilité, mais aussi de féminisme, de stéréotypes de genre, de grossophobie, de culture du viol et autres sujets de société qui nous concernent tous et toutes. nnCar oui, la façon dont on traite les femmes et les personnes handicapées dans une société devrait tous nous concerner, que l’on soit directement touché ou pas. D’abord parce qu’un personne sur deux est une femme, ce qui fait que vous avez de fortes chances d’être une femme, ou en couple avec une femme, ou parent d’une femme en devenir. nnEnsuite parce que le handicap touche 15 à 20% de la société. 1 personne sur 5 en France est handicapée ou malade chronique. Et on est là, à parler gentiment d’inclusivité, comme si nous étions une minorité invisible. Mais nous sommes 1 personne sur 5. Ce qui veut dire qu’on côtoie forcément des personnes concernées dans notre vie quotidienne. Et qu’on deviendra tous et toutes plus ou moins handicapées en vieillissant, si ce n’est pas avant. nnCeci étant posé, nous allons pouvoir entrer dans le vif du sujet. nnAlors en ce moment, on va pas se mentir, l’actualité est très lourde, et on a peu de raisons de se réjouir. Du coup, quand le gouvernement Macron a annoncé la fin du port du masque en intérieur pour le 14 mars, et la suspension du pass vaccinal par la même occasion, je pense que beaucoup ont poussé un long soupir de soulagement. D’ailleurs les vendeurs de cosmétiques se frottent les mains, ce printemps le rouge à lèvres fait son grand retour !nnEt c’est vrai que c’est rafraîchissant de revoir les visages des gens, de respirer à nouveau librement. D’autant que le port du masque a été très difficile à vivre ces deux dernières années pour les personnes sourdes et malentendantes comme moi. Parler avec des gens masqués m’a fait réaliser à quel point la lecture labiale faisait partie intégrante de mon processus de compréhension. Ce n’est pas anodin si, après toute une vie sans appareillage, j’ai sauté le cap il y a quelques mois. Ce monde masqué a aggravé ma surdité…nnBonne nouvelle donc, à partir du 14 mars, nous pourrons tous et toutes nous promener gaiement le nez au vent ! Tous ? Non ! Une bande d’irréductibles résiste encore et toujours. nnNous avons été traités de moutons par les anti-masques ou encore d’hypocondriaques par le magazine Valeurs Actuelles, mais nous sommes nombreux à être conscients de l’importance de continuer à porter le masque passé cette date. Quand je dis “nous”, je parle bien sûr des personnes âgées, handicapées, greffés, dialysées, transplantées, atteintes de certains cancers ou maladies chroniques qui affectent leur système immunitaire, et pour qui le port du masque est une nécessité vitale. Mais aussi leurs proches, conjoints, enfants, soignants, collègues ou simples alliés. nnN’oublions pas qu’en intérieur, sans ventilation et sans masque, il ne faut guère plus de 15 min à une personne infectée pour en contaminer une autre. Avec des masques FFP1 classiques, comme on en trouve dans toutes les pharmacies, ce délai moyen passe à 60 min.nnAprès 2 ans de pandémie, plusieurs confinements, couvre-feux et autres restrictions, nous avons tous envie de retrouver une vie “normale”, ou du moins, un semblant de normalité. Mais cette envie ne devrait pas passer par le sacrifice d’une partie de la population. Il n’est pas normal de demander à certains de rester cloîtrés chez eux, pour que d’autres puissent sortir librement. nnRappelons le encore, martelons le : les personnes âgées, handicapées ou malades sont les premières victimes de cette épidémie. Si elles ont eu la chance de passer au travers des mailles du filet, c’est souvent parce qu’elles ont pris l’habitude de vivre enfermées. Pour se protéger, elles ont dû mettre leur vie entre parenthèses, limiter au maximum les contacts extérieurs, voire se couper complètement du monde, dans certains cas. nnQuoi qu’on en dise, la pandémie est loin d’être terminée, et il serait imprudent de jeter à l’eau nos masques et nos gestes barrières à la moindre petite éclaircie. nnN’oublions pas que les mesures sanitaires basiques, à savoir le port du masque, le lavage régulier des mains, ne plus se faire la bise… sont en fait des mesures réellement efficaces contre de nombreuses maladies, et pas seulement le covid ! nnDans certains pays asiatiques d’ailleurs, comme le Japon, il est très courant de sortir masqué dès les premiers signes d’une quelconque infection. D’ailleurs quelques mois avant le covid, une amie japonaise m’avait apporté des masques parce que j’étais enrhumée. Je l’avais remercié, rangé les masques dans ma pharmacie, en me disant “jamais je pourrais porter un truc pareil dans la rue !”. Je sais, appelez-moi Nostradamus…nnLe masque, ce petit bout de papier, reste donc la mesure la plus simple et la moins coûteuse pour éviter de propager le virus. Alors, ne lâchons rien, continuons à nous protéger et protéger les gens autour de nous.nnD’autant que cette annonce gouvernementale, à seulement quelques semaines du 1er tour, ressemble quand même à s’y tromper à une manœuvre électorale pour attirer quelques voix supplémentaires. nnnMerci à vous, et à la semaine prochaine !nnnnDiffusion mercredi 9 mars 2022- 10h20 / 17h15nnnnB.Pradillonn »