« Le temps des investis », de Michel Feher, aux éditions de la Découverte Divergence
Publié à l’automne 2017 aux éditions de La Découverte, « Le temps des investis », de Michel Feher, modestement sous-titré « Essai sur la nouvelle question sociale », est petit par sa taille (moins de 200 pages), mais propose en trois chapitres seulement, étayés par un appareil critique conséquent, un constat implacable sur l’emprise contemporaine de ce que l’auteur n’hésite pas à qualifier de « spéculateurs », nos braves amis des bourses, de la finance, du Dow Jones, du CAC 40, des dettes souveraines et des produits financiers. Dans des pages denses, d’une lecture exigeante mais d’une clarté jamais en défaut, il montre comment nous sommes tous et toutes, Etats comme individus, soumis aux diktats des marchés.n Aux temps anciens de la théorie marxiste, les travailleurs vendaient leur force de travail contre une rétribution (le salaire) aux patrons, dans l’intérêt à peu près bien compris des uns et des autres. Les actionnaires, quant à eux, attendaient des dividendes réguliers, dépendant de cet équilibre entre salariés et patrons et des décisions plus ou moins avisées de ces derniers.n Aujourd’hui, c’est avec les actionnaires que le patron négocie, et les décisions avisées ont pour unique objectif l’augmentation du cours en bourse de l’action, et celle de la capitalisation boursière de l’entreprise. Pour les patrons comme pour les cadres dirigeants, souvent abondamment pourvus en stock-options et autres intéressements financiers, c’est la rentabilité des produits boursiers et non celle de l’entreprise elle-même qui va prouver leur bonne « gouvernance » de l’entreprise, comme on dit dans la novlangue financière.nnnnDiffusion lundi 19 mars 2018 – 10h40 / 17h40nnnY.Desrichard«