Les Chroniques d'Olivier Nottale

La « taxe soda » pour justifier les licenciements ?

today01/12/2025 1

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Comment la « taxe soda » sert à doper les profits et à licencier

Je vais m’appuyer sur un article de Pierre Jequier-Zalc daté du 26 novembre paru dans l’hebdo Politis.

Ce sont deux fermetures d’usines qui font parler. La première, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), voit Orangina baisser le rideau d’une de ses quatre implantations en France. La seconde, à Crolles (Isère), concerne l’industrie historique de sirop Teisseire. Près de 300 salariés sont mis sur le carreau.

Le 2 octobre, le géant japonais des sodas Suntory – qui détient notamment Orangina, Oasis, Champomy, Schweppes, Pulco – annonce la fermeture de son usine de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Un coup de massue pour les 105 salariés.

Pour les salariés, cette décision de leur direction vise avant tout à amplifier les revenus des actionnaires

À 600 kilomètres de là, aux pieds des Alpes, même discours, même justification, mais groupe différent. Ici, à Crolles, à quelques encablures de Grenoble, c’est l’historique usine Teisseire qui a annoncé sa fermeture prochaine. L’annonce du fabricant de sirops entraîne la suppression de 205 emplois.

La « situation économique et financière extrêmement difficile » impose cette décision comme inéluctable, assure la direction. Dans Le Parisien, le président de Teisseire explique que la fermeture est « la seule solution viable », mettant en avant l’inflation et… la « taxe soda ».

Une argumentation similaire alors que la situation est bien différente de celle de la multinationale japonaise. Depuis le rachat de Teisseire par le groupe Britvic en 2010, l’usine a perdu l’exclusivité de la production. Les volumes produits ont fondu sous le coup de l’externalisation et les investissements n’ont pas suivi, laissant, selon les salariés, les installations de production se détériorer.

Lorsque le géant danois Carlsberg rachète Britvic, en 2025, l’usine de Crolles n’est plus qu’un coût trop important qui entrave l’envolée des profits. « En un an, Carlsberg a pillé la trésorerie », accuse le député de la Somme François Ruffin. Selon les syndicats, celle-ci est passée subitement de 120 millions d’euros à un déficit de 24 millions d’euros.

Carlsberg, Suntory : deux géants internationaux solides, avec un portefeuille de marques de premier plan très important, et des bénéfices de plusieurs centaines de millions, voire plusieurs milliards d’euros par semestre au niveau mondial. Pour justifier la mise sur le carreau de près de 300 salariés, les deux optent donc pour la même stratégie : en mettant en cause la « taxe soda », ils font reposer sur les pouvoirs publics la faute de ces licenciements…

 

(à suivre…) Lundi 1 décembre 2025 – 10h20 / 17h05

 

O.Nottale


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