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Éducation à la sexualité : un programme sous haute tension Divergence
Après deux ans et demi d’élaboration, le texte, examiné par le Conseil supérieur de l’éducation le 29 janvier, a été la cible d’attaques répétées du camp réactionnaire, allant de coups de pressions parlementaires aux intimidations violentes de parents d’élèves.
Les journalistes Lucas Sarafian et Hugo Boursier écrivent le 29 janvier 2025 un article édifiant sur notre société de 2025.
Article à lire en ligne sur le site de Politis.fr
L’avant-dernière marche avant l’étape finale : la publication au bulletin officiel du tant attendu programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité (Evars). Un programme qui doit répondre à une situation inquiétante : seuls 15 % des élèves en primaire, au collège ou au lycée reçoivent les trois séances annuelles d’éducation à la sexualité. Des séances pourtant obligatoires et fixées dans la loi de 2001 relative à l’IVG.
Cette situation, longtemps dénoncée par les associations comme le Planning familial, a conduit l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, à saisir, en juin 2023, le Conseil supérieur des programmes (CSP) pour qu’il bûche sur une première version
« La droite réactionnaire s’est beaucoup mobilisée pour faire échouer le programme, ce programme « va dans le bon sens, malgré plusieurs reculs inquiétants ».
Le thème de l’identité de genre, soit la manière d’exister en tant qu’homme, femme ou non-binaire, indépendamment de son sexe biologique, n’est plus abordé à partir de la cinquième. Idem pour la transphobie : le mot est ôté du programme du collège pour n’arriver qu’au lycée. Celui de sérophobie (les discriminations contre les personnes séropositives), lui, n’existe plus pour les secondes et n’apparaît qu’en terminale. )
) « Comment nous faire croire que retarder l’apparition de la notion d’identité de genre est bénéfique à la lutte contre les stéréotypes sexistes et les discriminations ? » s’interroge Sarah Legrain, députée de Paris et membre de la direction de La France insoumise. « Ce changement de programme est bien une façon de céder à la pression des réseaux réactionnaires, d’ailleurs bien représentés au gouvernement en la personne de Retailleau notamment. »
À la fin du mois de décembre, Bruno Retailleau annonce dans Le Journal du dimanche une condition pour rester à Beauvau, dans le gouvernement de François Bayrou : la non-introduction de « l’enseignement de la théorie du genre à l’école ».
Syndicat de la famille (émanation de la Manif pour tous), Parents vigilants (soutien d’Éric Zemmour), SOS Éducation, Parents en colère, Mamans Louves… Ces groupuscules de parents d’élèves n’hésitent pas à mettre la pression directement sur les directions de collèges ou de lycées pour alerter sur « les dangers de l’éducation à la sexualité ».
C’était le cas pour Coralie*, une professeure de lettres dans l’académie de Grenoble. À la Toussaint, elle propose à ses élèves de seconde de lire un livre lié aux transfuges de classe et à Annie Ernaux. Dans la sélection se trouve En finir avec Eddy Bellegueule, d’Édouard Louis. Alertée, la référente de Parents vigilants, Élodie Bourgey, écrit à l’inspection. Des extraits contiendraient « des scènes pornographiques, des références à l’inceste et des descriptions de partouze »
( à suivre…) Lundi 3 février 2025 – 10h20 / 17h05
O.Nottale