Charge mentale Divergence
Vous connaissez certainement le concept de “charge mentale”, popularisé en 2017 par la dessinatrice Emma, qui est définie comme le « poids psychologique que fait peser la gestion des tâches domestiques et éducatives, engendrant une fatigue physique et, surtout, psychique ».nnnLa charge mentale finalement, c’est comme des post-it qui s’accumulent dans notre cerveau, avec tout ce à quoi on doit penser. Et ça ne s’arrête jamais : quand on arrive à effectuer une tâche, il y en a 20 autres qui attendent sagement derrière. Comme l’expliquait Emma dans ses petits dessins de la vie quotidienne, la charge mentale concerne principalement les femmes, car ce sont elles qui, en plus de leur vie professionnelle, gèrent le quotidien, l’agenda familial, les rendez-vous pour les enfants… nnnMais aujourd’hui, je voudrais vous parler d’une charge mentale moins connue, celle des personnes handicapées.nnnDans votre cercle familial, amical ou professionnel, il vous arrive de côtoyer des personnes handicapées. Et vous vous questionnez sûrement sur leur handicap. Comment fait-il pour lacer ses chaussures alors qu’il ne peut pas atteindre ses pieds ? Comment arrive-t-elle à utiliser les réseaux sociaux alors qu’elle est malvoyante ? Pourquoi fait-il ces gestes bizarres tout le temps ? Comment cette personne sourde peut-elle arriver à parler correctement ? Comment a-t-elle pu mener sa grossesse à terme et allaiter alors qu’elle est en fauteuil ? nnnFranchement, moi la première, lorsque je croise une personne dont je ne connais pas le handicap, je me pose plein de questions sur son quotidien. C’est tout à fait normal. Mais il y a une différence entre se poser des questions, et formuler ouvertement ces questions. nnnPour vous éviter de vous montrer indélicat voire grossier, permettez-moi de vous donner quelques petits conseils.nnnDéjà, réfléchissez-y, quel est vraiment le but de votre démarche ? Si vous souhaitez mieux connaître le handicap de la personne concernée afin d’identifier clairement comment l’aider (pour se déplacer ou en cas de crise, par exemple), alors ok, parlons-en !nnnS’il s’agit en revanche d’une simple curiosité personnelle « juste pour savoir », abstenez-vous. Nos vies ne sont pas des vitrines, et « c’est quoi ton handicap ? » n’est vraiment pas une question à poser à quelqu’un que l’on vient juste de rencontrer !nnnLes personnes handicapées sont généralement d’accord pour répondre aux questions, tant qu’elles sont franches et non intrusives. C’est même parfois un soulagement de pouvoir aborder le sujet et apporter des consignes simples. Moi par exemple, je dis souvent aux gens qui me posent la question qu’il suffit de bien articuler pour que je les comprenne. Pas besoin d’élever la voix. Récemment, j’ai aussi répondu avec plaisir aux questions d’une personne qui avait vu mes appareils auditifs et souhaitait elle-même se faire appareiller. Chaque cas est tellement spécifique qu’il vaut mieux questionner directement la personne concernée.nnnMais attention, nous ne devons aucune pédagogie ! Si une personne refuse de parler de son handicap, c’est tout à fait son droit.nnnIl nous arrive trop souvent de devoir justifier notre handicap, notamment les symptômes dit “invisibles”. Si certaines choses vous questionnent à ce point, rien ne vous empêche de vous renseigner sur internet. Dans l’idéal, il faudrait que les gens s’éduquent eux-même sur le handicap sans faire porter cette charge aux personnes handicapées. Ce serait tellement formidable de ne pas avoir à tout expliquer aux gens qui nous côtoient. nnnAutre avantage, comprendre le handicap et donc les besoins spécifiques de vos proches handicapés, vous permettra par exemple de vous renseigner sur l’accessibilité des lieux avant de leur proposer une sortie. Ben oui, c’est bien sympa de nous proposer une soirée ciné, ou de participer à l’enterrement de vie de jeune fille de cette super pote, mais ce serait encore mieux de se demander avant si on pourra réellement participer. nnnCar l’organisation des sorties représente une charge mentale insoupçonnée pour beaucoup de personnes handicapées, c’est donc une aide précieuse quand d’autres s’en chargent à notre place. nnnDemandez-vous par exemple s’il existe un ascenseur ou une rampe pour accéder à une salle de spectacle, si ce musée met bien des oreillettes à disposition, si le bar où on va a un niveau sonore acceptable, ou si cette promenade n’est pas trop longue et fatiguante. Ces conditions sont souvent indispensables pour pouvoir profiter pleinement d’une sortie, ou même pour pouvoir sortir tout court ! nnnEn plus, si vous prenez la peine de vérifier l’accessibilité d’un lieu ou d’une activité, mais aussi celle du trajet pour y aller, vous vous rendrez vite compte par vous-même de l’énorme manque d’accessibilité des structures. Et donc de l’injustice flagrante que nous vivons au quotidien. nnnEt je vais même aller plus loin ! Au lieu de déplorer que vos proches handicapés ne puissent vous suivre dans telle ou telle activité, vous pouvez interpeller directement les structures qui manquent à leur devoir d’accessibilité, et limitent ainsi quotidiennement notre champ des possibles.nnnC’était Béatrice, pour “Viens te faire dévalider”. A la semaine prochaine !nnnnnnDiffusion mercredi 9 novembre 2022 – 10h20 / 17h05nnnnB.Pradillon«