Droit au logement insalubre et honteux ! Divergence
Merci, Lucie Delaporte, pour ce rappel sur une des hontes, une de plus qui fait la grandeur de notre pays.
Le18 janvier 2024 vous avez signé cet article en ligne sur le site Médiapart.
Je m’en sers avec aucune retenu pour informer mes chers auditeurs sur : « Habitat indigne : l’incroyable cadeau du gouvernement aux marchands de sommeil »
adopté en catimini cet été, le décret habitat rend accessibles à la location des surfaces considérées jusque-là comme impropres à l’habitation. Alors que l’État brille par son apathie face à la crise du logement, cette dérégulation apparaît comme la pire des réponses au problème.
Pour pénétrer dans le logement, en rez-de-chaussée, de Clément, il faut descendre quelques marches, mais surtout baisser la tête si l’on dépasse le mètre quatre-vingt. Par chance, ce locataire n’est pas très grand et il lui reste royalement cinq centimètres au-dessus de la tête quand il se tient debout dans son deux-pièces minuscule, où chaque mouvement est contraint.
Procédé typique des marchands de sommeil, le local sur rue situé dans le quartier en voie de gentrification de La Guillotière, à Lyon, a été divisé en deux dans la hauteur : la fenêtre ne s’ouvre plus.
Bien calfeutré pour essayer de garder la chaleur, le logement brasse un air étouffant saturé d’humidité. Pour avoir un peu d’intimité, Clément doit tirer les rideaux la journée, ce qui renforce encore le côté oppressant de son appartement. Il nous montre aussi deux gros trous dans les sanitaires et la chambre, par lesquels passent les rats.
Clément habite ce taudis depuis 2015 et paye chaque mois 550 euros de loyer. Caché derrière une cascade de SCI, le propriétaire est un marchand de sommeil bien connu à Lyon, selon l’Alpil (Action pour l’insertion par le logement), une association qui accompagne les mal-logés.
À 70 ans, après une carrière dans le nettoyage, Clément n’arrive plus à payer ce loyer exorbitant. « Je touche 500 euros de retraite, c’est trop difficile », explique l’homme arrivé du Ghana il y a plus de trente ans, et qui pendant des années s’est acquitté de ce loyer sans broncher.
Il a récemment poussé la porte de l’Alpil, qui a monté l’an dernier un dossier technique pour dénoncer l’insalubrité du logement.
« Une hauteur sous plafond de 1,80 mètre, une installation électrique défaillante, pas de ventilation, des moisissures… Il n’y a pas grand-chose qui va dans ce logement », résume Théophile Dely, chargé de réaliser les diagnostics techniques pour l’association.
« Sur un logement comme celui-ci, on serait parti sur une procédure d’insalubrité irrémédiable, ce qui veut dire que cette surface n’est pas propre à la location. Avec le décret “habitat”, on ne pourra plus », décrit Ludovic de Solère, chargé de projet à l’Alpil.
Si l’on peut allonger ses jambes, pas besoin de relever la tête
Publié au plein cœur de l’été, le 29 juillet 2023, le décret habitat 2023-695 va entraver la lutte contre les marchands de sommeil et autres propriétaires abusifs en tirant vers le bas toutes les normes de qualité des logements mis en location…
( à suivre…) Lundi 22 janvier 2024 – 10h20 / 17h05
O.Nottale