Auto défense sanitaire Divergence
Le covid n’est plus un sujet. Il ne fait plus la une des médias.
Pourtant, il y a 3 ans, la moitié de l’humanité était confinée chez elle pour faire face à une pandémie fulgurante. On a eu droit aux confinements à répétition, aux couvre-feux, aux autorisations de sortie, aux files d’attente pour se faire tester, aux pénuries dans les supermarchés, aux interdictions diverses et variées qui changaient de semaine en semaine. On a maudit ce virus qui a mis nos vies entre parenthèses.
Juste avant les dernières élections présidentielles, les dernières restrictions ont été levées. Nous étions désormais libres de nos mouvements, libres de porter ou non le masque. Et nous avons continué nos vies, beaucoup trop soulagés de retrouver ce semblant de normalité.
Depuis, d’autres sujets brûlants ont monopolisé la une. On s’inquiète des répercussions de la guerre en Europe, du prix de l’essence et de l’inflation. Le covid n’est plus un sujet.
Au point que même certains soignants soient atteints d’amnésie. Sur Twitter, un médecin effaré raconte qu’il voit passer des personnes, avec des troubles persistants, qui sont passées entre les mains d’autres médecins. Le tableau clinique concorde avec le covid mais personne, ni le patient ni les médecins consultés en amont, n’ont songé à réaliser un simple test. C’est comme si ces 3 dernières années n’avaient pas existé.
Pendant ce temps, le virus continue de circuler. Sur le site France Info, on apprend qu’il y a actuellement plus de 5300 nouveaux cas quotidiens, et plus de 13 000 hospitalisations en cours pour cause de covid. Le covid tue, tous les jours.
Et lorsque le covid ne tue pas, il fabrique du handicap. Environ 10 à 20% des personnes contaminées par le covid développent les symptômes d’un covid long. Et les symptômes sont tellement différents d’une personne à l’autre qu’il est parfois difficile de diagnostiquer ces malades chroniques. Car le covid touche à tout : au système respiratoire, au système digestif, au cœur, aux nerfs, à la peau et au cerveau. C’est une inflammation qui se promène dans le corps et crée des dégâts provisoires ou permanents. Et notre manque de connaissances à ce sujet devrait nous effrayer bien plus que l’inflation.
La « fin » annoncée du covid ne repose sur aucune réalité scientifique.
Lorsque nous décidons de vivre “normalement”, nous acceptons tacitement que les plus fragiles ne sont pas notre priorité. Les personnes handicapées, immuno déprimées, âgées, les femmes enceintes ou les nouveaux nés n’ont qu’à rester cloîtrés chez eux.
Alors, certains organisent la résistance. On appelle ça l’auto défense sanitaire.
L’auto défense sanitaire, en pratique, c’est d’abord continuer d’informer. Faire du bruit, pour contrer le silence. Marteler que le fait que le virus circule toujours, qu’il tue chaque jour, et qu’il existe plus de 2 millions de personnes atteintes de covid long en France. Rappeler encore et toujours l’intérêt des mesures sanitaires : masque, gestes barrières, aération des locaux, isolement et test en cas de doute…
Ces mesures ont toutes des failles, mais mises ensemble, elles fonctionnent. D’ailleurs, on appelle ça le modèle de l’emmental. Imaginez chaque mesure comme une tranche de fromage à trous. Le masque seul ne vous aidera pas si vous oubliez de vous laver les mains, et si travaillez dans des locaux mal aérés. Mais combinez les tranches de fromage et vous aurez de moins en moins de trous, et donc de moins en moins de risques de contagion.
Si on y réfléchit bien, toutes ces informations, on les connaît. Ce sont des choses simples, maintes fois entendues durant ces 3 dernières années. Mais il arrive que l’information se noie sous la masse d’autres informations contradictoires. L’explosion des théories complotistes autour du covid, la désinformation constante par le biais des réseaux a créé un mouvement de défiance important, notamment envers la communauté scientifique et médicale. Lorsque nous nous attachons à replacer un discours scientifique concret au centre du débat, lorsque nous vérifions nos sources avant de partager des informations, nous luttons contre la désinformation, et nous contribuons ainsi à freiner la propagation du virus.
L’auto défense sanitaire, c’est enfin un engagement politique. Cela demande d’adhérer à certaines valeurs. L’auto défense sanitaire vise à créer une société où nous aurions tous et toutes notre place. Une société où toutes les vies se vaudraient, et où les personnes handicapées ou fragiles ne seraient pas considérées comme des pertes acceptables.
Car c’est finalement ça, le sujet. Lorsqu’on a décidé le retour à la “normale”, lorsqu’on a jeté nos masques et nos précautions à la poubelle, on a décidé que notre petit confort personnel était plus important que la vie des personnes à risque, ou leur liberté de circuler dans l’espace public sans se mettre en danger.
Enfin, l’auto défense sanitaire n’étant qu’un palliatif à l’absence d’action des pouvoirs publics, il faut aussi essayer de mettre les décideurs politiques face à leurs responsabilités. Le Président Macron avait promis d’équiper les bâtiments publics de purificateurs d’air s’ il était réélu. Cela fait bientôt un an.
Pour reprendre le message qu’Elisa Rojas martèle sur les réseaux :
Bonjour Emmanuel Macron. Où sont les purificateurs d’air dans les écoles, hôpitaux, maisons de retraite et les bâtiments publics que vous avez promis ?
L’épidémie n’est pas terminée, et le covid doit redevenir un sujet.
C’était Béatrice, pour “Viens te faire dévalider”. A la semaine prochaine !
Diffusion mercredi 15 mars 2023 – 10h20 / 17h05
B.Pradillon